![]() |
La filière porcine ne pourra plus recourir aussi intensivement à ces terrifiantes cases de gestation. |
L’entrée en application le 1er janvier de la directive européenne sur la protection des porcs limite l’usage des cages de gestation pour les truies. Directrice de CIWF France, une organisation internationale dédiée au bien-être des animaux d’élevage, Léopoldine Charbonneaux nous explique cette mesure.
Tout
d’abord, pouvez-vous nous présenter CIWF en quelques mots ? Etes-vous une
organisation végétarienne ?
Léopoldine
Charbonneaux : Compassion in World Farming a été créée
en 1967 par un éleveur laitier en réaction à l’intensification accrue de
l’élevage et à son impact sur le bien-être des animaux. Nous avons pour mission
d’encourager les pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux et
de proposer des alternatives à l’élevage intensif viables et durables. Nous ne
sommes pas positionnés végétariens, même si la majorité de la soixantaine de personnes
travaillant au Royaume-Uni et des quatre personnes basées à Paris, où
l’implantation date de 2011, sont végétariennes ou vegan. Nous sommes aussi présents
aux Pays-Bas et, grâce à l’apport financier d’une fondation britannique privée,
la Tubney Charitable Trust, nous serons bientôt en Pologne et en Italie.
Quelle
est l’originalité de CIWF par rapport aux autres organisations de protection
des animaux ?
L.C :
Nous ne nous occupons que des animaux d’élevage, longtemps laissés pour compte,
encourageons les changements dans l’agroalimentaire et luttons contre les
autres effets négatifs de l’élevage intensif, la pollution par exemple. Nous basons
tout notre travail et nos recommandations sur la science, avec l’appui d’une
équipe scientifique d’ingénieurs et de vétérinaires, de façon à pouvoir argumenter
toutes nos interventions.
Que
change l’entrée en vigueur de la directive européenne pour les 1,1 million de
truies d’élevage vivant en France ?
L.C : C’est
une grande avancée. Au lieu de passer toute leur gestation, de presque quatre
mois, dans une petite case, les truies ne seront plus confinées que les quatre
premières semaines et la dernière. Cependant, nous aurions aimé qu’au lieu d’une simple transposition en droit français, notre
pays aille plus loin, comme au Royaume-Uni, où ses cases sont interdites, ou aux
Pays-Bas, où elles ne sont autorisées que quatre jours au début de la
gestation.
Est-il
vrai que beaucoup d’éleveurs français n’appliquent pas la directive ?
L.C : Bruxelles
parle, pour la France, d’un taux d’application de 33%, ce à quoi la profession
répond que plus de 60% des installations sont déjà aux normes, mais nous sommes
dans l’attente d’un chiffre définitif. Nous avons en tout cas obtenu, en
mettant la pression sur le ministère et sur les organisations porcines, qu’elles
accélèrent la transformation et allons poursuivre le combat. En effet, la directive
prévoit deux autres mesures importants : la mise à disposition pour les
porcs de matériaux manipulables, tels que la paille ou le foin, malheureusement
incompatibles avec l’usage généralisé de caillebotis, et une alimentation plus
riche en fibres, afin d’éviter cette sensation de faim permanente des truies en
gestation qui sont rationnées.
Que
révèle le dernier sondage effectué par CIWF auprès des consommateurs
français ?
L.C : 67% des personnes interrogées pensent que l’origine
France garantit le respect de la réglementation minimale en matière de
protection de porcs, or vu le niveau de mise aux normes, c’est loin d’être le
cas. Mais les consommateurs se préoccupent de plus en plus de cette question et
75% d’entre eux affirment que, s’ils étaient mieux informés, ils n’achèteraient
que des produits d’élevage respectueux du bien-être animal. C’est un signe
encourageant.
Mais
bien-être animal et élevage sont-ils compatibles ?
L.C :
Tout
est une question degré, mais il est incontestable que le poulet fermier, par
exemple, qui représente 20% de l’offre française, respecte mieux le bien-être
des animaux. Le drame de l’élevage porcin en France, c’est qu’il n’existe
pratiquement pas d’élevage alternatif : son poids est inférieur à 5% du
marché, contre 30% de porcs élevés en plein air au Royaume-Uni. Nous
devons prendre la nécessité de mises aux
normes dans le cadre de la directive, et les débats qu’elle suscite, comme une
opportunité de repenser les modes d’élevage, au-delà des dispositions actuelles
et vers un élevage alternatif, respectant mieux les animaux, les hommes, et
l’environnement.
3 commentaires:
Je suis contente de constater des améliorations, mais au fond de mon coeur ce n'est pas suffisant!! Je rêve d'un monde de compassion dans lequel la majorité (voire la totalité) des gens finiront par opter pour le végétarisme! Est-ce que je rêve en couleur? J'ose espérer que non!
Je ne serai peut-être plus là pour le constater, mais je continue d'espérer que ces animaux ne sont pas condamnés à cette cruauté pour l'éternité...!!
Bien sûr, ce n'est pas suffisant, mais si cela peut aider des centaines de milliers de truies à vivre une vie un peu moins misérable, c'est toujours bon à prendre et je trouve très importante l'action d'associations comme CIWF. A bientôt :-)
Oui c'est vrai! Malgré tout, je vois cela tout de même positif.. l'idée qu'on commence à changer les méthodes d'élevages est un bon signe que nous marchons lentement dans la bonne direction! :)
Enregistrer un commentaire