jeudi 17 janvier 2013

Une année 2013 un peu moins sombre pour les truies.


La filière porcine ne pourra plus recourir aussi intensivement à ces terrifiantes cases de gestation.

L’entrée en application le 1er janvier de la directive européenne sur la protection des porcs limite l’usage des cages de gestation pour les truies. Directrice de CIWF France, une organisation internationale dédiée au bien-être des animaux d’élevage, Léopoldine Charbonneaux nous explique cette mesure.


Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter CIWF en quelques mots ? Etes-vous une organisation végétarienne ?

Léopoldine Charbonneaux : Compassion in World Farming a été créée en 1967 par un éleveur laitier en réaction à l’intensification accrue de l’élevage et à son impact sur le bien-être des animaux. Nous avons pour mission d’encourager les pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux et de proposer des alternatives à l’élevage intensif viables et durables. Nous ne sommes pas positionnés végétariens, même si  la majorité de la soixantaine de personnes travaillant au Royaume-Uni et des quatre personnes basées à Paris, où l’implantation date de 2011, sont végétariennes ou vegan. Nous sommes aussi présents aux Pays-Bas et, grâce à l’apport financier d’une fondation britannique privée, la Tubney Charitable Trust, nous serons bientôt en Pologne et en Italie.

Quelle est l’originalité de CIWF par rapport aux autres organisations de protection des animaux ?

L.C : Nous ne nous occupons que des animaux d’élevage, longtemps laissés pour compte, encourageons les changements dans l’agroalimentaire et luttons contre les autres effets négatifs de l’élevage intensif, la pollution par exemple. Nous basons tout notre travail et nos recommandations sur la science, avec l’appui d’une équipe scientifique d’ingénieurs et de vétérinaires, de façon à pouvoir argumenter toutes nos interventions.

Que change l’entrée en vigueur de la directive européenne pour les 1,1 million de truies d’élevage vivant en France ?

L.C : C’est une grande avancée. Au lieu de passer toute leur gestation, de presque quatre mois, dans une petite case, les truies ne seront plus confinées que les quatre premières semaines et la dernière. Cependant, nous aurions aimé qu’au lieu d’une simple transposition en droit français, notre pays aille plus loin, comme au Royaume-Uni, où ses cases sont interdites, ou aux Pays-Bas, où elles ne sont autorisées que quatre jours au début de la gestation.  

Est-il vrai que beaucoup d’éleveurs français n’appliquent pas la directive ?

L.C : Bruxelles parle, pour la France, d’un taux d’application de 33%, ce à quoi la profession répond que plus de 60% des installations sont déjà aux normes, mais nous sommes dans l’attente d’un chiffre définitif. Nous avons en tout cas obtenu, en mettant la pression sur le ministère et sur les organisations porcines, qu’elles accélèrent la transformation et allons poursuivre le combat. En effet, la directive prévoit deux autres mesures importants : la mise à disposition pour les porcs de matériaux manipulables, tels que la paille ou le foin, malheureusement incompatibles avec l’usage généralisé de caillebotis, et une alimentation plus riche en fibres, afin d’éviter cette sensation de faim permanente des truies en gestation qui sont rationnées.

Que révèle le dernier sondage effectué par CIWF auprès des consommateurs français ?

L.C :  67% des personnes interrogées pensent que l’origine France garantit le respect de la réglementation minimale en matière de protection de porcs, or vu le niveau de mise aux normes, c’est loin d’être le cas. Mais les consommateurs se préoccupent de plus en plus de cette question et 75% d’entre eux affirment que, s’ils étaient mieux informés, ils n’achèteraient que des produits d’élevage respectueux du bien-être animal. C’est un signe encourageant.

Mais bien-être animal et élevage sont-ils compatibles ?

L.C : Tout est une question degré, mais il est incontestable que le poulet fermier, par exemple, qui représente 20% de l’offre française, respecte mieux le bien-être des animaux. Le drame de l’élevage porcin en France, c’est qu’il n’existe pratiquement pas d’élevage alternatif : son poids est inférieur à 5% du marché, contre 30% de porcs élevés en plein air au Royaume-Uni. Nous devons prendre la nécessité de mises aux normes dans le cadre de la directive, et les débats qu’elle suscite, comme une opportunité de repenser les modes d’élevage, au-delà des dispositions actuelles et vers un élevage alternatif, respectant mieux les animaux, les hommes, et l’environnement.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis contente de constater des améliorations, mais au fond de mon coeur ce n'est pas suffisant!! Je rêve d'un monde de compassion dans lequel la majorité (voire la totalité) des gens finiront par opter pour le végétarisme! Est-ce que je rêve en couleur? J'ose espérer que non!
Je ne serai peut-être plus là pour le constater, mais je continue d'espérer que ces animaux ne sont pas condamnés à cette cruauté pour l'éternité...!!

vegeshopper a dit…

Bien sûr, ce n'est pas suffisant, mais si cela peut aider des centaines de milliers de truies à vivre une vie un peu moins misérable, c'est toujours bon à prendre et je trouve très importante l'action d'associations comme CIWF. A bientôt :-)

Anonyme a dit…

Oui c'est vrai! Malgré tout, je vois cela tout de même positif.. l'idée qu'on commence à changer les méthodes d'élevages est un bon signe que nous marchons lentement dans la bonne direction! :)

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