Promouvoir
le véganisme grâce à l'épicurisme français mais sans se départir de son
pragmatisme américain est l'une des caractéristiques de Deborah Brown Pivain.
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The Gentle Gourmet Institute veut initier les chefs pros à la cuisine végane. A son origine, Deborah Brown Pivain, la fondatrice (avec deux de ses enfants) de The Gentle Gourmet Café, à Paris, qui nous révèle dans cette interview d’autres projets.
Gentle
Gourmet Café aborde la rentrée avec plein de nouvelles idées. Quelles sont-elles ?
Deborah
Brown Pivain : Nous allons lancer une marque de glaces,
Gentle Gourmet Glacé. Elles seront non seulement véganes, bio et faites avec
des ingrédients issus du commerce équitable, mais aussi composées de parfums irrésistibles avec les meilleurs ingrédients.
Par exemple, dans la Pure Vanilla, la
vanille viendra des hauteurs des montagnes de Tahiti, le nec plus ultra en la
matière. Je suis en train d’écrire un livre sur ces glaces dont la
consommation deviendra une découverte et une aventure en soi. Elles seront
vendues dans des magasins bio à partir du printemps 2015.
Vous
allez aussi créer un institut de cuisine végane ?
D.B.P : Oui,
The Gentle Gourmet Culinary Institute débutera en février 2015 un programme professionnel
de deux jours (lundi et mardi) avec des stages le mercredi, jeudi et vendredi
au Gentle Gourmet et dans d'autres établissements 100% véganes à Paris. Il est évident que le monde végane a besoin
de chefs bien formés pour avancer. Pour le grand public, nous organiserons
des cours le mardi soir. Le programme définitif sera fixé le 1er
novembre. A terme, nous voulons aussi loger dans un même endroit le restaurant,
une pâtisserie, un glacier, un bar à jus, une fromagerie, un traiteur, une épicerie
et un stand de vente de fruits et légumes bio, mais nous n’avons pas encore
trouvé le lieu idoine.
Pour
ceux qui ne le connaissent pas encore, quel est le concept de Gentle
Gourmet Café ?
D.B.P :
Avec
deux de mes trois enfants, Alexandre et Caroline, nous avons créé le Gentle
Gourmet Café, boulevard de la Bastille, à Paris, en 2012. En résumé, il s’agit
de cuisine traditionnelle revisitée par le véganisme et le bio dans un décor
sobre mais élégant avec une assez forte dimension esthétique et à un prix de
brasserie. Nous faisons aussi beaucoup de brunchs et
servons plus de 20.000 repas par an.
Qui
conçoit les recettes du Gentle Gourmet Café ?
D.B.P :
Depuis cet été, je ne cuisine plus au restaurant, mais reste
en charge des menus et des recettes, la partie qui me réjouit le plus !
Comme je suis passionnée par la peinture et fascinée par l'incroyable diversité
du monde végétal, ma cuisine est très esthétique, décorative, colorée
et présentée comme un dessin. J'aime à la folie les fruits et légumes, les
herbes, les fleurs comestible et j'adore les mettre en scène. Bien sûr, au restaurant,
la cuisine est plus simple, mais nous nous efforçons d’apporter à chaque plat
une note de beauté.
Que
pensez-vous du fait que de nombreux grands chefs (je pense, entre autres, à Alain
Passard) ne jurent plus que par les légumes ?
D.B.P :
Je
suis bien évidemment ravie, mais c'est loin d'être suffisant. Il faut que les
restaurateurs se réveillent, qu'ils regardent la réalité en face et prennent
conscience de la provenance des "aliments " non végétaux qu’ils
servent, des dégâts que leur production génère et de la souffrance dont ils
sont responsables. Cependant, il faut
pour cela une
grande poêlée de courage et pas juste une pincée d’amour pour le monde végétal.
Quels
sont, selon vous, les grands chantiers afin de promouvoir le végétarisme et le
véganisme en France ?
D.B.P :
Puisque
les Français ont culturellement l’amour et la connaissance de la très
bonne cuisine, nous devons faire en
sorte que la nôtre soit belle, savoureuse, saine et fantastiquement
contemporaine ! Nous devons aussi être beaucoup plus présents sur le marché. La
qualité des restaurants doit continuer à s'améliorer (d’où le programme pro pour chef et futur
chef que nous sommes en train de créer). Il faut aussi que l'offre se développe
aussi bien en traiteur, qu’en pâtisserie, en frais et même les gares et les aéroports.
Ainsi, les gens pourront se nourrir partout d’une façon qui ne leur inspirera
jamais aucun remord !
Pouvez-vous
nous rappeler en quelques mots votre parcours et comment le film Sabrina, avec
Haudrey Hepburn, a influencé votre décision de venir vivre à Paris à l'âge de dix-neuf ans ?
D.B.P :
Deux choses m’ont profondément impressionnée lorsque j’avais sept ans :
l’amour de la cuisine française (grâce au film Sabrina, dans lequel Audrey
Hepburn vient à Paris apprendre la cuisine) et un désir d'aider ceux qui souffrent
(après avoir vu un documentaire sur l’aide du Peace Corps aux enfants d’Afrique).
Je suis donc arrivée à Paris douze ans plus tard en tant qu'étudiante en
affaires internationales. Toute ma vie a été orientée vers l'amour de l'art de
vivre français et un vif désir d'aider
et de servir ceux qui souffraient et n'avaient pas de voix, en particulier les
animaux.
Comment
vous-y retrouverez-vous entre votre toque de chef et vos casquettes de chef
d’entreprise ou de militante du Paris Vegan Day ?
D.B.P :
Cela ne m'a jamais causé le moindre problème. En 2007 et 2008 je me suis posée
longuement la question : "Que faut-il pour faire avancer le
véganisme en France, notamment à Paris ? Pourquoi n'y a-t-il quasiment aucun végane, y compris
au sein du mouvement de la protection animale ? De quoi les véganes qui visitent
Paris (autrefois connue comme un « enfer végane ») ont-ils besoin ?". La réponse fut double :
une société commerciale, The Gentle Gourmet, et une activité associative, Paris
Vegan Day, qui a toujours été soutenue par le restaurant. Notre société, comme
l’association, ont un seul but : faire avancer le véganisme d'une manière joyeuse, sereine et claire,
sans culpabilisation aucune.
Si
vous aviez quelques conseils à donner à des personnes rêvant de suivre vos
traces, quels seraient-ils ?
D.B.P :
Etudier, se former, s'accrocher. Quand vous ouvrez votre affaire, vous n'avez plus le temps
d'étudier et de vous former et il faut donc le faire avant. N’hésitez pas aussi
à demander conseil aux gens expérimenté ; ils auront, je vous le promets,
un tas de conseils personnalisés à vous fournir.
Note:
Pour découvrir le Gentle Gourmet Café, cliquez ici.
Une crêpe végane du Gentle Gourmet Café qui, personnellement, me met l'eau à la bouche. |
1 commentaire:
Bravo à vous tous ...particulièrement à Madame Deborah Brown Pivain , toujours prête à innover et débordante d'idées pour faire avancer la gastronomie Végane ...Pour être aller manger plusieurs fois au "Gentle Gourmet " je peux affirmer que votre cuisine et excellente et les assiettes trés esthétiques ....l'acceuil est chaleureux et discret ... la classe ....La classe végane !!!!!
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