mercredi 29 mai 2013

Le resto végétalien qui amadoue les carnivores

En cuisine comme dans la déco de son resto, Elise Taylor fonctionne plutôt  à l'instinct et aime à s'écarter des sentiers battus.

Fondatrice de Greedy Guts, qui vient de rouvrir à Caen après une longue interruption, Elise Taylor pense que de bons petits plats valent mieux que de longs discours pour promouvoir le végétalisme. 

 

D'où viens tu en Angleterre et comment es-tu devenue vegan ?


Elise Taylor : Je suis née à Sidcup dans le Kent et suis arrivée à Caen avec mes parents à l’âge de dix ans, voilà dix-huit ans. Je suis devenue végétarienne à tendance végétalienne vers dix-neuf ans, suite à la découverte d’un livre pro vegan qui m’a mis une grosse claque. Ma mère est végétarienne et m’a toujours incitée à l’être, donc j’étais déjà sensibilisée à ce mode de vie. Internet a également tenu son rôle : les vidéos choquantes filmées dans les élevages et les abattoirs m’ont définitivement dégoutée de la viande.

Comment définirais-tu le concept de Greedy Guts et quel est le ticket moyen ?

E.T : Le Greedy Guts est un endroit où règnent le SOURIRE et la bonne humeur. Tout est réuni pour : la déco est joyeuse, farfelue, chaque objet a une histoire à raconter. Le choix des plats se fait au jour le jour selon les produits dont nous disposons, les demandes des clients, la météo, etc. Les produits locaux sont mis en valeur. Le service se fait au comptoir, dans la bonne odeur des plats qui mijotent et des gâteaux qui cuisent dans le four. A l’offre de tartes et de sandwiches, s’ajoutent chaque jour un plat chaud à 8 €, une salade à 7€, des gâteaux, des yaourts maison, des propositions sans gluten. Le thé vert est servi à volonté pour 2€ et nous proposons aussi des milk-shakes de laits végétaux et des smoothies. En formule vente à emporter, le prix de chaque produit baisse de 1€.

Y a-t-il à Caen un nombre suffisant de végétariens et de vegan pour faire vivre un resto comme le tien ?

E.T : Pour faire vivre un établissement employant trois personnes, pas tout à fait. Heureusement, il existe aussi pas mal de gens sensibles à une alimentation moins carnée et plus saine que les fast food, et ceux-ci pèsent 50% de la clientèle. De ce point de vue, j’ai souvent des réactions très positives et les viandards qui repartent du Greedy Guts avec une opinion différente sur la cuisine végé ne sont pas rares.

Pourquoi la restauration ? N’est-ce pas particulièrement difficile en province ?

E.T : Comme mes parents ont ouvert leur resto à Caen quand j’avais onze ans, je suis tombée dans la marmite toute petite. J’adorais y travailler, pour moi l’école était une vraie corvée. Les difficultés pour ouvrir un resto en province sont les mêmes que dans les métropoles. Il faut dire que la France est un pays assez dur avec les commerçants. Les charges sont très élevées et nous sommes mis dans le même sac que les grandes entreprises. Avant de se lancer il faut bien s’informer car il y a souvent des mauvaises surprises. Pour le reste il n’y a pas de secret, il faut être honnête avec les clients et ne pas les prendre pour des tiroirs-caisses.

Quelle est ton approche de la cuisine ? Et de la gestion d’un resto ?

E.T :  J’aime cuisiner au feeling, je n’aime pas suivre les recettes, ça me gonfle de lire et de peser. C’est certainement pour cela que n’aime pas autant la pâtisserie que le salé. L’un de mes péchés mignons est de mélanger les recettes anglaises et françaises, certaines propositions sont du reste sur mon blog. Economiquement, il faut être vigilant avec la marge et ne pas être trop gourmand, ce qui veut dire que le compte bancaire pro a toujours priorité sur le mien.

En matière de végétarisme, la France reste-t-elle en retard par rapport à ton pays d’origine ?

E.T : L’Angleterre ayant vu naître la première association végétarienne voilà environ cent ans, il est sûr que la France est, en comparaison, encore à l’âge de pierre. Mais ça avance bien, nous allons dans le bon sens. Quand je vois des reportages boudant la viande sur les grandes chaînes de télé, je me dis que l’on tient le bon bout. La presse en parle, la culture en parle et, surtout, les jeunes en parlent. La nouvelle génération sera plus végé que la précédente. Je suis positive même si je sais que nous sommes encore minoritaires et que la plupart des gens, hélas, sont toujours complètement dépourvus de conscience à ce sujet.

Au Greedy Guts, "les tripes affamées", on ne s'assied jamais deux fois sur la même chaise.


Notes :

Pour consulter le blog d’Elise et voir ses recettes, cliquez ici.
Pour rejoindre la page Facebook de Greedy Guts, cliquez ici.

7 commentaires:

Mlle Pigut a dit…

Super cette interview, merci Vegeshopper et Elise :

vegeshopper a dit…

Merci Melle Pigut, c'est mieux que les tripes à la mode de Caen, n'est-ce pas ?

Sébastien Kardinal a dit…

Si je passe à Caen, je sais où j'irais poser mes fesses en tout cas ! :)

mamapasta a dit…

Caen c'est loin des Charentes.....mais c'est tentant!

vegeshopper a dit…

Je crois que l'adresse vaut le détour, voire le voyage ;-)

Sylvie A. a dit…

J'ai regardé sur Mappy.fr.. 785 kms... :'(

vegeshopper a dit…

Oui, ça fait une trotte :-(

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