En cuisine comme dans la déco de son resto, Elise Taylor fonctionne plutôt à l'instinct et aime à s'écarter des sentiers battus. |
Fondatrice de Greedy Guts, qui vient de rouvrir à Caen après une longue interruption, Elise Taylor pense que de bons petits plats valent mieux que de longs discours pour promouvoir le végétalisme.
D'où viens tu en Angleterre et comment es-tu devenue vegan ?
Elise Taylor : Je suis née à Sidcup dans le Kent et suis arrivée à Caen avec mes
parents à l’âge de dix ans, voilà dix-huit ans. Je suis devenue végétarienne à
tendance végétalienne vers dix-neuf ans, suite à la découverte d’un livre pro
vegan qui m’a mis une grosse claque. Ma mère est végétarienne et m’a toujours
incitée à l’être, donc j’étais déjà sensibilisée à ce mode de vie. Internet a
également tenu son rôle : les vidéos choquantes filmées dans les élevages
et les abattoirs m’ont définitivement dégoutée de la viande.
Comment
définirais-tu le concept de Greedy Guts et quel est le ticket moyen ?
E.T : Le Greedy Guts est un endroit où règnent le SOURIRE et la bonne
humeur. Tout est réuni pour : la déco est joyeuse, farfelue, chaque objet
a une histoire à raconter. Le choix des plats se fait au jour le jour selon les
produits dont nous disposons, les demandes des clients, la météo, etc. Les
produits locaux sont mis en valeur. Le service se fait au comptoir, dans la
bonne odeur des plats qui mijotent et des gâteaux qui cuisent dans le four. A l’offre
de tartes et de sandwiches, s’ajoutent chaque jour un plat chaud à 8 €, une
salade à 7€, des gâteaux, des yaourts maison, des propositions sans gluten. Le
thé vert est servi à volonté pour 2€ et nous proposons aussi des milk-shakes de
laits végétaux et des smoothies. En formule vente à emporter, le prix de chaque
produit baisse de 1€.
Y a-t-il à Caen
un nombre suffisant de végétariens et de vegan pour faire vivre un resto comme
le tien ?
E.T : Pour faire vivre un établissement employant trois personnes, pas
tout à fait. Heureusement, il existe aussi pas mal de gens sensibles à une
alimentation moins carnée et plus saine que les fast food, et ceux-ci pèsent
50% de la clientèle. De ce point de vue, j’ai souvent des réactions très
positives et les viandards qui repartent du Greedy Guts avec une opinion
différente sur la cuisine végé ne sont pas rares.
Pourquoi la
restauration ? N’est-ce pas particulièrement difficile en province ?
E.T : Comme mes parents ont ouvert leur resto à Caen quand j’avais onze
ans, je suis tombée dans la marmite toute petite. J’adorais y travailler, pour
moi l’école était une vraie corvée. Les difficultés pour ouvrir un resto en
province sont les mêmes que dans les métropoles. Il faut dire que la France est
un pays assez dur avec les commerçants. Les charges sont très élevées et nous
sommes mis dans le même sac que les grandes entreprises. Avant de se lancer il
faut bien s’informer car il y a souvent des mauvaises surprises. Pour le reste
il n’y a pas de secret, il faut être honnête avec les clients et ne pas les prendre pour des tiroirs-caisses.
Quelle est ton
approche de la cuisine ? Et de la gestion d’un resto ?
E.T : J’aime cuisiner au feeling,
je n’aime pas suivre les recettes, ça me gonfle de lire et de peser. C’est
certainement pour cela que n’aime pas autant la pâtisserie que le salé. L’un de
mes péchés mignons est de mélanger les recettes anglaises et françaises,
certaines propositions sont du reste sur mon blog. Economiquement, il faut être
vigilant avec la marge et ne pas être trop gourmand, ce qui veut dire que le compte
bancaire pro a toujours priorité sur le mien.
E.T : L’Angleterre ayant vu naître la première association végétarienne
voilà environ cent ans, il est sûr que la France est, en comparaison, encore à
l’âge de pierre. Mais ça avance bien, nous allons dans le bon sens. Quand je
vois des reportages boudant la viande sur les grandes chaînes de télé, je me
dis que l’on tient le bon bout. La presse en parle, la culture en parle et,
surtout, les jeunes en parlent. La nouvelle génération sera plus végé que la
précédente. Je suis positive même si je sais que nous sommes encore minoritaires
et que la plupart des gens, hélas, sont toujours complètement dépourvus de
conscience à ce sujet.
Au Greedy Guts, "les tripes affamées", on ne s'assied jamais deux fois sur la même chaise. |
Notes :
Pour consulter le blog d’Elise et voir ses
recettes, cliquez ici.
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Guts, cliquez ici.
7 commentaires:
Super cette interview, merci Vegeshopper et Elise :
Merci Melle Pigut, c'est mieux que les tripes à la mode de Caen, n'est-ce pas ?
Si je passe à Caen, je sais où j'irais poser mes fesses en tout cas ! :)
Caen c'est loin des Charentes.....mais c'est tentant!
Je crois que l'adresse vaut le détour, voire le voyage ;-)
J'ai regardé sur Mappy.fr.. 785 kms... :'(
Oui, ça fait une trotte :-(
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