Une image du spot litigieux tourné par le chanteur Roberto Carlos. |
Dieu vivant en Amérique Latine, le chanteur brésilien Roberto Carlos renonce à son soi-disant végétarisme en échange d’un gros chèque de la marque de viande Friboi. Une illustration supplémentaire du danger que représente ce sport de plus en plus à la mode: la récupération des végéstars.
Dans son célèbre
ouvrage, L’Anatomie du Scénario, le professeur de dramaturgie américain John
Truby insiste sur l’importance, dans toute bonne histoire, du faux allié, ce
personnage qui finit par se retourner contre le protagoniste ou contre sa
cause. En ce qui concerne le végétarisme ou le véganisme, ses faux alliés
pullulent : ce sont les végéstars. Bien sûr, il faut trier le bon grain de
l’ivraie et ne pas mettre dans la même casserole Paul McCartney ou Roberto Carlos,
O Rei (Le Roi) dans son pays, plus de 100 millions de disques vendus au
compteur tout de même…
A en croire le
journal espagnol La Vanguardia, sur lequel je me base principalement pour
écrire cet article, O Rei aurait reçu un chèque de plus de 7 millions d’euros
de la marque de viande Friboi pour filmer un spot publicitaire situé dans un
restaurant que vous pouvez visionner ici. Alors qu’on lui propose des pâtes,
Roberto Carlos garde les yeux fixés sur le steak de son voisin de table. Le serveur
finit par lui demander : « O Senhor voltou a comer carne ? » (vous êtes
revenu à la viande ?). Et Roberto de répondre « voltei » (je
suis revenu) sur l’air d’une de ses célèbres chansons, « Eu voltei pras
coisas que eu deixei » (je suis revenu aux choses que j’avais laissées).
Emballé c’est pesé,
Friboi devient instantanément l’une des marques de viande les plus connues du
pays. Bien sûr, nos amis végés brésiliens se ruent à l’assaut du monstre sacré,
considéré comme un renégat. Il est vrai que, lors de la présentation du spot de
Friboi, celui-ci a eu le mauvais goût d’assurer qu’il avait cessé d’être végétarien
pour raison médicale… Un tweet du cinéaste brésilien Fernando Meirelles,
présent lors du tournage, rajoute à la confusion : en fait, O Rei n’aurait
pas touché à son steak et resterait un végétarien au-dessus de tout soupçon.
Là-dessus, les
réseaux sociaux s’enflamment au point que l’agent de la star, Dody Sirena, doit
finalement émettre un communiqué qui révèle une vérité bien plus prosaïque : « Roberto
Carlos n’a jamais été végétarien ; il a juste cessé de manger de la viande
rouge pendant de nombreuses années ». Bref, voilà une célébrité dont la
diète est uniquement dictée par des raisons d’image ou de santé, mais qui pour
une raison X ou Y, opportunisme de sa part ou volonté de récupération de la
part des végétariens, a fini par se voir coller une étiquette alimentaire verte
qui ne lui correspondait pas.
Il me semble que Justin
Bieber (dont Roberto Carlos pourrait être techniquement l’arrière grand-père) et bien d’autres pipoles, ou idoles, ont
été ces dernières années les protagonistes d’histoires un peu similaires. D’où
ma conclusion : laissons les vraies stars végétariennes ou véganes (j’ai
déjà cité la plus connue d’entre elles) faire l’excellent boulot qui est le
leur, mais cessons de faire du premier viandard qui affole l’audimat
un héraut de la cause végane sous prétexte qu’il met la pédale douce sur sa
consommation de barbaque. Car le jour où ces faux alliés en reviennent à leur vraie nature,
les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme peuvent être considérables.
Note:
Si vous ne la connaissez pas encore, découvrez ici la nouvelle page Facebook de The Green and The Red, mon roman végétarien à paraître le 1er mai prochain.
4 commentaires:
"les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme peuvent être considérables."
rien que ça, dites-moi !
donc, lorsqu'un pipole cesse de manger de la viande, "les dégâts pour la cause" de la viande seraient "considérables" ? Et s'il recommence, cette fois-ci ce sont "les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme qui deviennent considérables."
soit vous êtes un grand naïf, soit vous prenez vraiment les gens pour des ....
De plus, j'aimerais que l'on me prouve l’influence de Sir Paul McCarney et son végétarisme sur l'angliche lambda. En revanche, la fortune du bonhomme est surtout une pompe à fric formidable pour des organisations comme peta ou vegetarian society... pour le reste, c'est une autre histoire.
Alors je dois être un grand naïf... Mais je suis poli également.
Le pauvre, il n'avait plus assez d'agent entre deux Nèmes retours sur scène. :p
Eh oui un animal est aussi un être vivant, il n'est pas un objet. Nous n'avons pas le droit de tout faire sous prétexte que c'est animal. Un animal n'est pas sans vie, il est bien vivant. Au fond de soi chacun le sait bien.
Je me demande pourquoi les gentilles personnes qui ne soucient absolument pas des tortures, maltraitances et morts affreusement inhumaines infligées à des millions d'animaux chaque jour dans notre pays sont aussi choquées par cet article !
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