mardi 11 mars 2014

Ces végéstars qui desservent le végétarisme

Une image du spot litigieux tourné par le chanteur Roberto Carlos.

Dieu vivant en Amérique Latine, le chanteur brésilien Roberto Carlos renonce à son soi-disant végétarisme en échange d’un gros chèque de la marque de viande Friboi. Une illustration supplémentaire du danger que représente ce sport de plus en plus à la mode: la récupération des végéstars.


Dans son célèbre ouvrage, L’Anatomie du Scénario, le professeur de dramaturgie américain John Truby insiste sur l’importance, dans toute bonne histoire, du faux allié, ce personnage qui finit par se retourner contre le protagoniste ou contre sa cause. En ce qui concerne le végétarisme ou le véganisme, ses faux alliés pullulent : ce sont les végéstars. Bien sûr, il faut trier le bon grain de l’ivraie et ne pas mettre dans la même casserole Paul McCartney ou Roberto Carlos, O Rei (Le Roi) dans son pays, plus de 100 millions de disques vendus au compteur tout de même…

A en croire le journal espagnol La Vanguardia, sur lequel je me base principalement pour écrire cet article, O Rei aurait reçu un chèque de plus de 7 millions d’euros de la marque de viande Friboi pour filmer un spot publicitaire situé dans un restaurant que vous pouvez visionner ici. Alors qu’on lui propose des pâtes, Roberto Carlos garde les yeux fixés sur le steak de son voisin de table. Le serveur finit par lui demander : « O Senhor voltou a comer carne ? » (vous êtes revenu à la viande ?). Et Roberto de répondre « voltei » (je suis revenu) sur l’air d’une de ses célèbres chansons, « Eu voltei pras coisas que eu deixei » (je suis revenu aux choses que j’avais laissées).

Emballé c’est pesé, Friboi devient instantanément l’une des marques de viande les plus connues du pays. Bien sûr, nos amis végés brésiliens se ruent à l’assaut du monstre sacré, considéré comme un renégat. Il est vrai que, lors de la présentation du spot de Friboi, celui-ci a eu le mauvais goût d’assurer qu’il avait cessé d’être végétarien pour raison médicale… Un tweet du cinéaste brésilien Fernando Meirelles, présent lors du tournage, rajoute à la confusion : en fait, O Rei n’aurait pas touché à son steak et resterait un végétarien au-dessus de tout soupçon.

Là-dessus, les réseaux sociaux s’enflamment au point que l’agent de la star, Dody Sirena, doit finalement émettre un communiqué qui révèle une vérité bien plus prosaïque : « Roberto Carlos n’a jamais été végétarien ; il a juste cessé de manger de la viande rouge pendant de nombreuses années ». Bref, voilà une célébrité dont la diète est uniquement dictée par des raisons d’image ou de santé, mais qui pour une raison X ou Y, opportunisme de sa part ou volonté de récupération de la part des végétariens, a fini par se voir coller une étiquette alimentaire verte qui ne lui correspondait pas.

Il me semble que Justin Bieber (dont Roberto Carlos pourrait être techniquement l’arrière grand-père)  et bien d’autres pipoles, ou idoles, ont été ces dernières années les protagonistes d’histoires un peu similaires. D’où ma conclusion : laissons les vraies stars végétariennes ou véganes (j’ai déjà cité la plus connue d’entre elles) faire l’excellent boulot qui est le leur, mais cessons de faire du premier viandard qui affole l’audimat un héraut de la cause végane sous prétexte qu’il met la pédale douce sur sa consommation de barbaque. Car le jour où ces faux alliés en reviennent à leur vraie nature, les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme peuvent être considérables.  

Note:

Si vous ne la connaissez pas encore, découvrez ici la nouvelle page Facebook de The Green and The Red, mon roman végétarien à paraître le 1er mai prochain.   


4 commentaires:

Michelle Julien a dit…

"les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme peuvent être considérables."

rien que ça, dites-moi !

donc, lorsqu'un pipole cesse de manger de la viande, "les dégâts pour la cause" de la viande seraient "considérables" ? Et s'il recommence, cette fois-ci ce sont "les dégâts pour la cause du végétarisme ou du véganisme qui deviennent considérables."

soit vous êtes un grand naïf, soit vous prenez vraiment les gens pour des ....

De plus, j'aimerais que l'on me prouve l’influence de Sir Paul McCarney et son végétarisme sur l'angliche lambda. En revanche, la fortune du bonhomme est surtout une pompe à fric formidable pour des organisations comme peta ou vegetarian society... pour le reste, c'est une autre histoire.

vegeshopper a dit…

Alors je dois être un grand naïf... Mais je suis poli également.

Nico a dit…

Le pauvre, il n'avait plus assez d'agent entre deux Nèmes retours sur scène. :p

Unknown a dit…

Eh oui un animal est aussi un être vivant, il n'est pas un objet. Nous n'avons pas le droit de tout faire sous prétexte que c'est animal. Un animal n'est pas sans vie, il est bien vivant. Au fond de soi chacun le sait bien.
Je me demande pourquoi les gentilles personnes qui ne soucient absolument pas des tortures, maltraitances et morts affreusement inhumaines infligées à des millions d'animaux chaque jour dans notre pays sont aussi choquées par cet article !

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