"De végétariens à flexitariens !" clame l'enseigne de restauration qui se veut, grâce à ce choix, "plus inclusive que jamais". |
Pierre Marc Tremblay, le PDG de l’enseigne de
restaurants québécoise Commensal, des libres-services où les clients payent
leurs repas au poids, est-il un patron responsable ou un adepte du marketing opportuniste ? Toujours
est-il que cette chaîne de restaurants
végétariens vient d’introduire des plats à base de crevettes nordiques, de
crabes et de poulets du Québec. Ils sont proposés dans une section à part des
sept établissements situés à Montréal,
Québec ou Toronto (entre autres). La direction assure avoir pris cette décision
« à la demande de la majorité de ses clients ».
Selon Pierre Marc Tremblay, qui défend son choix dans
une vidéo et sur la page Facebook du Commensal, « ce n’est pas l’appât du
gain qui nous motive, mais le désir de maintenir plus de 300 emplois de qualité ».
« Mon devoir est de m’assurer que nos restaurants suivent les grandes
tendances d’alimentation, or ce n’était plus le cas depuis des années, ce qui
explique notre virage flexitarien », ajoute-t-il en substance. Au Québec, nombre de végétariens sont
indignés et des pétitions circulent à ce sujet. Il est évident que le flexitarisme, dont j’ai dénoncé le flou dans
un précédent article (Les flexitariens de plus en plus flexibles), sert ici de
prétexte pour augmenter le chiffre d’affaires. Le maintien des emplois du
Commensal, une entreprise qui connaîtrait des difficultés financières, est-il à ce prix ?
Peut-être, mais ce
cas illustre aussi la fragilité de projets qui obéissent à des considérations
moins éthiques que commerciales. Et quand le community manager du Commensal écrit noir sur blanc sur Facebook, « certains peuvent penser que les
poulets sont malheureux de ne pas sortir à l’extérieur, mais la réalité est que
même en leur ouvrant la porte, la majorité ne sort pas de toute façon »,
on ne sait si l’on doit rire ou pleurer. Cependant, reconnaissons
au Commensal le mérite de la clarté : à Paris, par exemple, Le Puits de Légumes (rue du Cardinal Lemoine) se dit « végétarien et bio » tout
en proposant du poisson à sa carte. Puisque le flexitarisme devient tendance, « flexitarien
et bio » serait sans doute mieux adapté...
Vous pouvez voir la vidéo d’explication de Pierre Marc Tremblay en cliquant ici.
Ce lien vous mène vers la page Facebook où l’enseigne
justifie son choix.
2 commentaires:
Oui ici au Québec cette nouvelle n'a pas été très bien reçue!! Pas seulement pour les végés, plusieurs québécois leur ont fait part de leur déception..je ne crois pas que la direction du Commensal avait prévu une réaction négative aussi forte..Moi la première, je suis très déçue de leur décision!!
Je vous fait part d'un autre lien, sur un autre article sur le sujet si cela vous intéresse! Suivi d'un débat vidéo entre une journaliste québécoise végétalienne et le PDG du Commensal :)
http://penseravantdouvrirlabouche.com/2012/10/28/si-le-consommateur-le-veut/
L'article et l'interview sont tous les deux très intéressants, merci. Dans le roman que j'ai écrit sur le végétarisme, Le Vert et Le Rouge (voir lien sur le blog), Léa, qui dirige le restaurant végétarien La Dame Verte est, tout comme le Commensal, confrontée à des difficultés économiques: mais au lieu de mettre de la viande à sa carte, elle essaie d'innover avec de nouvelles recettes végétariennes. C'est pourquoi je comprends très bien la plainte d'Elise Desaulniers, l'auteure de Je Mange avec Ma Tête, qui reproche au PDG d'avoir fait un pas en arrière alors qu'il aurait pu faire un pas en avant. En tout cas, merci pour ce commentaire très intéressant.
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