Bill Clinton en est un adepte et le plant-based, l’alimentation basée sur les plantes, gagne les grandes villes du pays. Pour mieux comprendre ce phénomène, j’ai interviewé Lindsay Nixon, star du plant-based (plus de 45.000 fans sur Facebook, qui dit mieux ?) et auteure de la série de livres de cuisine Happy Herbivore.
Pouvez-vous vous présenter
en quelques mots ?
Lindsay Nixon : Je suis Lindsay, auteure de la série best-seller Happy Cookbook qui est
déclinée en trois livres : The Happy Herbivore, Everyday Happy Herbivore
et Happy Herbivore Abroad. Mon but est de créer des recettes sans
complications : simples, saines, avec des ingrédients faciles à trouver et
plant-based, bien sûr. Je vis à Los
Angeles et, après quelques allers et retours entre le végétarisme et l’omnivorisme
dus à la pression de mon entourage, je
suis végétarienne depuis l’âge de 20 ans et totalement plant-based depuis 2006.
Quelle est
la principale différence entre les mouvements vegan et plant-based ?
L.N : Le véganisme ne se centre pas sur la santé, mais sur les animaux et sur
leurs droits. Vous pouvez manger des
patates frites, des chips, du pain blanc et boire du Coca-Cola tout en restant
vegan, par exemple. De plus, la définition du véganisme a
évolué. D’une diète végétalienne, nous sommes passés à une philosophie et à un style de vie qui
excluent tous les produits de consommation en rapport avec l’exploitation
animale, mais aussi, de plus en plus, ceux ayant un impact sur l’environnement,
comme l’huile de palme. A
contrario, le plant-based se centre
sur la nourriture et sur les plantes, éliminant tous les produits animaux et
incluant les légumes secs, les légumineuses, les céréales complètes, les
légumes, les épices, les graines germées et les fruits secs en quantité
limitée. Nous évitons aussi les huiles, y compris l’huile d’olive.
Le mouvement plant-based privilégie donc la santé
humaine ?
L.N : Oui. Le
Docteur Campbell, auteur de The China
Study est l’un des nombreux médecins et chercheurs qui soutiennent la diète
plant-based sur la base de leurs
découvertes. The China Study a prouvé
de manière concluante que vous pouvez activer ou désactiver un cancer en
ajustant l’apport de protéines animales dans la diète. De façon schématique,
nous pouvons prévenir, soigner, voire inverser beaucoup de diagnostics de
cancer en supprimant les protéines animales de notre alimentation.
Quand et pourquoi avez-vous
cessé d’être vegan pour devenir plant-based
?
L.N : En octobre 2011. J’étais vegan depuis cinq ans, mais on arrêtait pas de me dire que je n’étais pas assez vegan. Peu importait mes efforts, il y avait toujours quelque chose qui clochait. La police vegan était toujours prête à intervenir pour me retirer ma carte de membre émérite ! Par exemple, j’avais rédigé un tweet où je disais que j’avais mangé de la barbe à papa lors d’un match de base-ball. Grossière erreur ! Cela m’a valu une avalanche de tweets et de mails m’accusant de ne pas avoir cité l'origine géographique du sucre de la barbe à papa en premier lieu. Bref, j’ai fini par me demander si le véganisme n’était pas une sorte de club bâti davantage sur l’exclusion que sur l’inclusion dont je n’étais pas digne, raison pour laquelle je suis aujourd’hui une Happy Herbivore plant-based plutôt qu’une Happy Vegan.
L.N : En octobre 2011. J’étais vegan depuis cinq ans, mais on arrêtait pas de me dire que je n’étais pas assez vegan. Peu importait mes efforts, il y avait toujours quelque chose qui clochait. La police vegan était toujours prête à intervenir pour me retirer ma carte de membre émérite ! Par exemple, j’avais rédigé un tweet où je disais que j’avais mangé de la barbe à papa lors d’un match de base-ball. Grossière erreur ! Cela m’a valu une avalanche de tweets et de mails m’accusant de ne pas avoir cité l'origine géographique du sucre de la barbe à papa en premier lieu. Bref, j’ai fini par me demander si le véganisme n’était pas une sorte de club bâti davantage sur l’exclusion que sur l’inclusion dont je n’étais pas digne, raison pour laquelle je suis aujourd’hui une Happy Herbivore plant-based plutôt qu’une Happy Vegan.
Où en est
le mouvement plant-based aux
Etats-Unis et progresse-t-il
rapidement ?
L.N : A pas de
géants et sans aucune limite visible à l’horizon. A
Los Angeles, Portland ou San Francisco, ainsi que dans d’autres grandes villes,
le plant-based est déjà considéré
comme normal et mainstream. Le
fait que l’ancien président Bill Clinton ait adopté cette diète a contribué à
sa diffusion, mais certainement moins que l’extraordinaire succès du documentaire
Forks over Knives (ndlr : voir la
note en bas de page). Aux Etats-Unis, le mot vegan est devenu
politiquement et émotionnellement trop chargé à cause de certaines personnes et
des actions de différents groupes. Personnellement, mes expériences avec eux n’ont
pas été des plus agréables et je crains de ne pas être la seule. C’est vraiment
dommage !
Notes :
En Europe, les livres de Lindsay Nixon peuvent être
commandés en librairie ou achetés sur Amazon. Pour ceux qui habitent la
Finlande, Everyday Happy Herbivore a même été traduit en finnois chez Finn
Lectura.
Le mouvement plant-based
s’appuie sur une série de documentaires dont le plus connu est Forks over Knives, sorti en 2011, où le
couteau en question est représenté sur l’affiche par un scalpel de chirurgien… Pour
en savoir plus sur Forks over Knives,
cliquez ici.
Vegucated, un documentaire de téléréalité qui suit la
transformation en quelques semaines d’omnivore en végétaliens a aussi une
certaine importance dans ce phénomène. Pour plus d’informations, cliquez ici.
Un autre documentaire qui contribue actuellement à sensibiliser les
Américains sur la question de l’alimentation est Fat, Sick & Nearly Dead, l’histoire d’un homme qui entreprend
de maigrir en buvant des jus de fruits et de légumes au cours d’une traversée
des Etats-Unis. Voici le lien du trailer sur Youtube.
Remerciements à Elisabeth Lyman pour m’avoir parlé du
mouvement plant-based et indiqué le
contact de Lindsay.
4 commentaires:
Je ne connaissais pas, belle découverte, à creuser.
merci :-)
D'après Lindsay Nixon, le phénomène n'en est encore qu'à ses débuts. A suivre, donc...
Donc en gros, les américains découvrent le simple végétalisme, si je comprend bien ! C'est vrai qu'en France le mouvement vegan a toujours tourné autour des causes comme les animaux, la planète et la santé, avec un engagement philosophique fort, où la seule alimentation acceptable est le végétalisme. Et puis on a le végétalisme purement diététique.
Or dans les pays anglo-saxons, la question de traduction se pose toujours sur l'appellation vegan, puisque n'y avait pas de vrais distinction entre régime et philosophie.
Oui, mais par rapport au végétalisme, le plant-based est moins idéologique (c'est avant tout un régime destiné à éviter la maladie ou à la soigner) et plus restrictif (usage limité des huiles végétales, par exemple).
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