Son activité de chef VIP amène Sébastien à barouder dans pas mal de cuisines de particuliers de la capitale. |
Cuisinier musicien et ingénieur du son gourmet, Sébastien Briant est aussi à l’aise devant un fourneau que derrière une table de mixage. A Paris, son service de traiteur végétarien bénéficie d’ailleurs d’un excellent bouche à oreille.
Vous êtes un cuisinier végétarien ou vegan, rêvez de
vivre de votre passion, mais reculez devant l’investissement. L’exemple de
Sébastien Briant, le créateur de Vegga-Bio, un traiteur végétarien et
végétalien parisien, pourrait vous inspirer. Bien sûr, Sébastien, 33 ans, est
un pro. Je veux dire par là qu’il est titulaire d’un BEP-CAP et a roulé sa
toque dans pas mal de cuisines avant de découvrir son moyen de vie actuel. « Le
milieu de la cuisine classique est assez barbare, militaire, avec des chefs
sont souvent autoritaires », me raconte-t-il au téléphone de sa voix
tranquille. C’est pourquoi, dégoûté de vider
des poulets en se faisant enguirlander par des seconds de cuisine, il décide
assez tôt de voler de ses propres ailes… dans la musique.
Jusqu’à 27 ans, il travaille comme ingénieur du son et
épouse le mouvement rastafari, ou rasta, dont le végétarisme découle de
certains passages de la Bible (par exemple : vous ne mangerez point le
sang d’aucune chair, car l’âme de toute chair est son sang ; quiconque en
mangera sera retranché-Lévitique 17.14). Insensiblement, il est amené à prendre
en charge le catering de soirées reggae et, en 2009, après un passage à France Inter, il
réapparaît aux commandes d’un restaurant végétarien aujourd’hui en vogue, le
Soya, dans le onzième arrondissement.
« Malgré la cadence effrénée, cela m’a permis de travailler avec des
produits bio de saison et de découvrir la macrobiotique auprès d’un autre
cuisinier, David Deban », se souvient-il.
Revisiter des plats traditionnels en les adaptant au
végétarisme, ce qui reste aujourd’hui son dada, n’a bientôt plus
de secret pour lui. Mais son démon familier, l’indépendance, le pousse une nouvelle
fois à rendre son tablier. « J’avais pris conscience de ma capacité à me
débrouiller seul », se rappelle-t-il. Ce
virtuose décroche son premier contrat de traiteur à l’occasion de la sortie
d’un clip et joue une partition parfaite à l’aide d’une plaque électrique, d’un
mini four Seb et d’un petit frigo. Chapeau l’artiste ! A partir de là,
la réputation du traiteur végétarien (ou végétalien) aux dreadlocks se répand dans
la capitale comme un riff de Bob Marley.
S’inspirant de ses connaissances d’ingénieur du son et
vivant la cuisine comme une expérience artistique à part entière, il aménage
une cuisine-studio dans son appartement parisien du dix-neuvième arrondissement (en l’adaptant aux normes professionnelles et en éliminant le
bois, par exemple) et se dote de matériel léger pour orchestrer ses sorties.
Surtout, il s’abstient de créer une entreprise et choisit le statut
d’auto-entrepreneur. Bombarder Paris de flyers le tente d’autant moins qu’il
souhaite rester maître de ce monstre qui nous engloutit tous : le temps. Quant
à la compta… vous me suivez. Néanmoins, organiser
des événements pour 100, voire 200 personnes, son record, ne lui fait pas peur.
Comme tout bon cuisinier qui se respecte, il est dur à la peine et peut
toujours appeler en renfort d’autres copains auto-entrepreneurs pour le
seconder.
Sa
prestation type pour un cocktail dinatoire inclut cinq pièces salées (caviar
végétal, brochette de seitan, tartare
aux algues, etc) et cinq pièces sucrées (Financier, Cheese-cake ou Crumble, etc)
à 5 € la pièce. Pour les entreprises et les groupes de
particuliers, il propose aussi des paniers repas à domicile (33 €) et donne des
cours de cuisine. Son style culinaire ? « J’apprécie les herbes comme l’hysope ou la livèche, préfère
utiliser la cuisson que l’assaisonnement pour donner du goût, m’intéresse aux
proportions de couleurs et aime que cela chante au fond des casseroles », me
répond-il, non sans poésie. Si vous souhaitez en savoir plus sur son
approche de la cuisine, je vous invite à lire l’excellent article paru sur le
blog de cuisine bio Jenny cuisine bio et les saveurs du monde en cliquant ici.
Pour ma part, je trouve très intéressante la démarche
de Sébastien : la preuve qu’avec un peu d’ingéniosité, beaucoup de talent
et en partant d’un capital zéro, les entrepreneurs végétariens ou vegan sont
capables de réaliser des prouesses. Le tout sans sombrer dans le stress, la
course au pognon et tous les dégâts personnels et collectifs qui s’ensuivent. Avec, dans son cas, une
manière très habile de combiner différents savoirs et une philosophie de vie,
une dimension spirituelle, qui lui permettent de mener sa barque aussi
sereinement que si celle-ci fendait, sur un doux air de reggae, les eaux bleues
de la Jamaïque.
Cette tarte au chocolat et au thym illustre le goût de Sébastien pour le mélange des saveurs et l'association des couleurs.
Notes :
1- Pour consulter le site web de Vegga-bio, cliquer ici.
2- Check out my upcoming vegetarian-themed novel and download an excerpt here. |
2 commentaires:
J'étais déjà tombée sur le site Vegga Bio, mais je le redécouvre et en apprend plus avec cet article, chouette !
Merci ! Sébastien a beaucoup de cordes à son arc et apporte une fois de plus la preuve que small is beautiful.
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